Source : APM

 

PARIS, 11 février 2009 (APM) - Le ministère de la santé doit définir un "cadre juridique robuste" pour mettre en oeuvre "des dispositions transitoires" dans les centres de radiothérapie confrontés à une pénurie de radiophysicien, a estimé de nouveau mercredi l'ASN au cours d'une conférence de presse.

L'ASN a suspendu en 2009 l'autorisation de deux centres de radiothérapie en raison du départ de leur seul radiophysicien, d'abord le centre de Blois (Loir-et-Cher), puis le service de radiothérapie du centre hospitalier intercommunal (CHI) de Gap (Hautes-Alpes), rappelle-t-on (cf dépêches APM VBMAK001, APM LDMB3003 et APM SLMB5003).

Les traitements en cours sont poursuivis mais aucun nouveau traitement ne peut être entrepris. "Cela conduit à des situations très désagréables mais nous ne pouvons pas accepter que des services fonctionnent dans des conditions de qualité et de sécurité insuffisantes", a indiqué mercredi à l'APM le président de l'ASN, André-Claude Lacoste, au cours d'une conférence de presse.

De telles situations sont susceptibles de se répéter dans les prochains mois, en raison du "manque criant" de radiophysiciens. Il y a actuellement moitié moins de radiophysiciens qu'il n'en faudrait. On se trouve dans une situation "absurde" où certains centres "piquent" les radiophysiciens des autres et où il faut regarder attentivement la démission de tel radiophysicien ou le départ en vacances de tel autre, ajoute-t-il, en rappelant que le problème "ne sera pas résolu avant 5-10-12 ans", le "flux de formation sortant actuel n'étant pas suffisant".

Il est nécessaire de définir "au niveau national des dispositions transitoires à mettre en oeuvre localement" par les centres de radiothérapie et les agences régionales de l'hospitalisation (ARH), notamment grâce à une collaboration régionale entre les centres et de définir "un cadre juridique robuste pour ces dispositions transitoires", a indiqué l'ASN, dans une note d'information diffusée lundi sur son site internet (www.asn.fr), réitérant la même demande qu'elle avait formulée lors de l'été 2008 où neuf centres avaient déjà été confrontés à des pénuries de personnel (cf dépêche APM SLLFU004).

Il faudrait que le ministère de la santé prenne un arrêté autorisant les centres à fonctionner "avec pas autant de personnel qu'il le faudrait". Ce n'est "pas à l'ASN de prendre cette responsabilité politique de couvrir cette période de transition", précise à l'APM André-Claude Lacoste. L'ASN n'a "pas de pouvoir régalien", renchérit Michel Bourguignon, l'un des commissaires de l'ASN.

La règle actuellement fixée dans le code de la santé publique et que l'ASN "fait respecter" est d'avoir "un radiophysicien tout le temps". Il faudrait sans doute "accepter l'idée que ce n'est pas possible", 42 services de radiothérapie sur 180 n'ayant pas plus d'un équivalent temps plein (ETP) en radiophysique. On pourrait "imaginer" que dans les situations transitoires, le radiophysicien n'intervienne que pour la mise en place du traitement, les dosimétristes et les manipulateurs pouvant intervenir ensuite, ajoute Michel Bourguignon.

André-Claude Lacoste estime également nécessaire de mettre en place "d'urgence un flux de formation plus important". Il existe des pistes sur le sujet, "créer une filière universitaire, créer de véritable postes de professeurs, l'enseignement relevant souvent du bénévolat", ajoute Michel Bourguignon.

Interrogé sur la possibilité que des radiophysiciens d'autres pays européens puissent venir travailler en France, Michel Bourguignon répond qu'il existe "une reconnaissance automatique des formations à condition qu'elles soient équivalentes". Le problème s'est déjà posé pour les formations délivrées en Belgique, où il existe trois spécialisations en radiothérapie, médecine nucléaire et radiologie après un tronc commun. Des radiophysiciens non spécialisés en radiothérapie n'ont pas pu travailler en France dans des centres de radiothérapie, rapporte-t-il.

Interrogé sur la possibilité que l'ASN suspende les autorisations d'autres centres de radiothérapie dans les prochains jours ou prochaines semaines, David Krembel, adjoint au directeur des rayonnements ionisants et de la santé à l'ASN, répond qu'il "est difficile de répondre aujourd'hui avec précision à cette question". L'ASN suit cette situation qui est "très évolutive".

Michel Bourguignon rapporte le cas d'un centre où le radiophysicien n'est finalement pas parti parce qu'il a obtenu gain de cause en termes de vacances ou de salaire.

André-Claude Lacoste ajoute que la pénurie globale entraîne une répartition des postes "de manière sauvage, des trous apparaissant de manière aléatoire".