Source : APM

 

PARIS, 13 mars 2009 (APM) - Un arrêté actuellement à la signature prévoit d'élargir l'accès au concours de radiophysicien et de permettre le recrutement de professionnels hors Union européenne, a-t-on appris de sources professionnelles.

Le directeur du Centre hospitalier de Roanne, André-Gwenaël Pors, a été reçu jeudi au ministère de la santé avec une délégation comprenant médecins, élus et représentants des usagers, pour exposer ses difficultés de recrutement de radiophysiciens et ses recherches de solutions.

Une suspension d'autorisation d'utilisation des accélérateurs frappe depuis fin février le service de radiothérapie de son établissement faute de personnel en radiophysique médicale, le temps de recruter de nouveaux professionnels, rappelle-t-on (cf dépêche APM SLMC5002).

Le directeur du CH de Roanne a reçu des assurances sur le maintien dans le futur du service de radiothérapie de son hôpital. "Avec deux accélérateurs et 600 patients traités, nous répondons aux critères exigés par le dispositif d'autorisation et nous nous inscrivons dans la logique de territoires", indique-t-il à l'APM vendredi.

Les conseillers qui l'ont reçu ont soutenu son projet de Groupement de coopération sanitaire (GCS) avec l'Institut de cancérologie de la Loire (ICL) à Saint-Etienne et le CH du Puy-en-Velay (dont le service de radiothérapie est fermé depuis juillet 2008) pour mettre sur pied un service de radiophysique multicentrique Loire/Haute-Loire piloté par l'ICL qui assurerait la pérennité du service de Roanne notamment.

Ils lui ont aussi donné des éléments sur la situation à plus long terme. "Dans deux ans, nous ne devrions plus avoir les mêmes soucis", note André-Gwenaël Pors, grâce aux mesures en cours pour augmenter le nombre de radiophysiciens en France.

Sur le métier de radiophysicien, un arrêté est à la signature pour élargir l'accès au concours. Le nombre de terrains de stages pour les radiophysiciens devrait être augmenté et des CH pourront postuler. Il lui a aussi été indiqué que les postes de dosimétristes devraient être renforcés et que des discussions étaient en cours sur la reconnaissance des radiophysiciens.

Ce projet d'arrêté précise l'ouverture aux physiciens de l'Union européenne et ouvre l'exercice à des physiciens extra-Union européenne, a-t-on appris vendredi auprès de Thierry Sarrazin, président de la Société française de radiophysique médicale (SFRM).

Jusqu'à présent, les candidats étrangers étaient évalués par un membre de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). L'arrêté prévoit la création d'une commission nationale de radiophysique médicale composée de neuf personnes dont trois physiciens.

Le texte doit aussi élargir l'accès au concours d'admission à la préparation du Diplôme de qualification en physique radiologique et médicale (DQPRM) qui permet de devenir radiophysicien médical. Actuellement, seuls quatre masters (Grenoble, Paris, Toulouse, Nantes) donnent accès à ce concours. L'idée est d'ouvrir le concours à tous les physiciens, quel que soit le master.

AUGMENTER LES TERRAINS DE STAGE

Pour faire face à la progression du nombre de professionnels formés (il est prévu de doubler le nombre de radiophysiciens en cinq ans, rappelle-t-on), Thierry Sarrazin encourage ses collègues à accueillir plus de stagiaires pour ceux qui en accueillent déjà dans les CHU et les centres de lutte contre le cancer. Les radiophysiciens reçoivent une formation théorique qui doit être complétée d'un stage professionnel.

"C'est difficile car c'est une activité qui repose sur le bénévolat et qui se réalise en fin de journée sur les appareils une fois que les patients sont partis", témoigne-t-il.

Pour augmenter le nombre de terrains de stages, il a été établi que les établissements ayant au moins deux accélérateurs, deux physiciens sur place et un accès à l'imagerie nucléaire peuvent être terrains de stages s'ils le souhaitent.

La SFRM espère faire passer le nombre de terrains de stages de 35 à 40-45, chacun prenant plus de stagiaires qu'avant pour faire face à la montée en charge des professionnels en formation.

Il faut aussi valoriser ce métier, souligne le président. "En 40 ans d'histoire, sur 900 physiciens médicaux formés, il n'y en a plus que 400 sur le terrain", indique-t-il. Ces professionnels ont un bac+6, voire 9, et ont très peu d'évolution de carrière à l'hôpital à espérer, d'où une fuite importante vers la recherche, l'industrie, l'enseignement.

L'absence de statut et donc de grille salariale conduit actuellement à une surenchère du côté des candidats, note le directeur du CH de Roanne qui fait passer des entretiens de recrutement pour trouver les deux radiophysiciens nécessaires à la réouverture de son service de radiothérapie.

La profession compte entre 300 et 400 radiophysiciens. Ils sont 1.200 en Allemagne ou 1.800 au Royaume-Uni, note Thierry Sarrazin.