Source : APM

 

PARIS, 10 décembre 2007 (APM) - L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) recommande de convoquer "en priorité" 120 anciens patients du CH d'Epinal surexposés de 7,1% entre mi-1999 et mi-2000 lors de traitements par radiothérapie conventionnelle, dans une note de synthèse rendue publique lundi.

 

Ces 120 patients font partie de la troisième cohorte de patients surirradiés (cf dépêche APM SNKI6003), baptisée "Epinal III", sur laquelle l'IRSN a mené une nouvelle mission d'expertise d'évaluation de radiothérapie au centre hospitalier Jean Monnet d'Epinal, à la demande de Roselyne Bachelot.

 

Cette troisième cohorte regroupe des anciens patients du CH d'Epinal traités entre septembre 1987 et juillet 2000 pour différents cancers (prostate, rectum, pelvis, poumon, vessie, tumeur cérébrale...) par radiothérapie conventionnelle.

 

Le nombre total de patients concernés n'est pas précisé dans la note de synthèse du rapport de l'IRSN. En septembre dernier, le ministère de la santé avait évoqué un nombre compris entre 4.000 et 4.500.

 

L'IRSN indique que les plus forts surdosages s'établissent à 7,1% et concernent 312 patients, traités entre mi-1999 et 2000.

 

L'IRSN révèle que sur ces 312 patients, 118 sont aujourd'hui décédés.

 

Cette précision intervient alors que Roselyne Bachelot a annoncé vendredi par l'intermédiaire du quotidien Le Parisien que 500 patients du CH d'Epinal ayant subi un surdosage égal ou supérieur à 7,1% recevraient une indemnisation d'urgence de 10.000 euros. La ministre ne détaillait pas la manière dont le nombre de 500 avait été déterminé. Il apparaît donc aujourd'hui que le ministère a pris en compte les patients décédés.

 

CONVOQUER EN PRIORITE 120 PATIENTS

 

Pour les 194 autres patients surexposés de 7,1% qui "seraient encore en vie" d'après les informations obtenues auprès du CH d'Epinal début octobre, l'IRSN indique que 120 présenteraient un risque potentiel de développer des complications secondaires plus ou moins graves de leur radiothérapie.

 

Il ajoute que le panel d'experts dont il s'est entouré pour cette expertise "recommande que ces patients soient convoqués en priorité pour faire l'objet d'une évaluation clinique spécialisée et si besoin d'une prise en charge médicale adaptée".

 

Cette recommandation se fonde sur la reconstitution dosimétrique individuelle qui a été réalisée pour tous les patients les plus surexposés (7,1%) afin d'évaluer le risque potentiel de complications secondaires.

 

Interrogée lundi par l'APM, l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Lorraine a indiqué que la convocation des 120 patients pour une consultation n'avait pas encore eu lieu. "Nous essayons en effet de trouver d'autres radiothérapeutes pour effectuer rapidement cette consultation", a précisé l'ARH en rappelant que le suivi des autres patients surirradiés précédemment découverts était toujours en cours.

 

UNE ERREUR DE CALCUL DU TEMPS DE TRAITEMENT

 

Les autres patients de la cohorte "Epinal III" ont subi un surdosage de 3% ou de 5,5%.

 

Pour le surdosage de 3%, l'IRSN indique que le panel d'experts "ne recommande pas d'action particulière", ce surdosage étant inférieur à l'incertitude de dose retenue en radiothérapie externe qui est de 5%" et le taux de complication attendu ne devant pas différer significativement des chiffres publiés dans la littérature internationale.

 

Pour le groupe surdosé à 5,5%, le panel d'experts ne recommande pas de réévaluation dosimétrique dans un premier temps mais précise que cette position pourrait être reconsidérée après avoir quantifié le taux de complications chez les patients à risque de la cohorte surdosée de 7,1%.

 

L'IRSN indique que ces surirradiations de 3, 5,5 et 7,1% sont liées à une erreur de calcul systématique du temps de traitement, c'est-à-dire du nombre d'Unités Moniteur (UM), lors des traitements en technique "isocentrique".

 

Cette erreur a concerné tous les types de cancer traités sauf les cancers du sein, est indépendante de la localisation de la tumeur traitée et ne dépend que de l'énergie des photons délivrés par l'accélérateur, précise l'IRSN dans un communiqué.

 

Apparue en septembre 1987, elle a été corrigée en juillet 2000, ajoute l'institut.

 

Des dysfonctionnements se sont produits par la suite lors de traitements par radiothérapie conformationnelle appliqués au cancer de la prostate qui ont conduit à surexposer d'environ 8% plus de 400 patients, entre 2001 et novembre 2006, rappelle-t-on.

 

Une erreur de manipulation d'un logiciel de dosimétrie intervenue entre mai 2004 et août 2005 a provoqué une autre surirradiation chez 24 patients, traités aussi pour un cancer de la prostate. Cette fois, la surexposition a été de 20%.