Source : Le Quotidien du Médecin

 

Depuis 2008, le signalement des événements significatifs en radioprotection (ESR) dans le domaine médical est en progression, constate l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans son rapport annuel présenté jeudi. En 2011, 470 événements ont été déclarés (contre 419 en 2010).

Dans le détail, l’ASN fait état 314 « événements significatifs » déclarés concernant des patients soumis à une exposition à visée diagnostique ou thérapeutique (contre 302 en 2010). La majorité ( 78%) relève de la radiothérapie. Viennent ensuite la médecine nucléaire (16 %), la scanographie (4 %) et la radiologie (2 %). Depuis le mois de juillet 2011, un site internet - www.vigie-radiotherapie.fr - offre une aide à la déclaration d’un événement significatif de radioprotection. Aujourd’hui, 80 % des déclarations en radiothérapie sont réalisées pas ce biais, indique Jean-Christophe Niel, directeur général de l’ASN.

 

550 radiophysiciens

 

En radiothérapie, l’essentiel des 243 événements déclarés touche à une anomalie de positionnement du patient ou une erreur d’identification de ce dernier. La plupart de ces événements se sont avérés sans conséquence pour la santé du patient (classé niveau 0 ou 1 de l’échelle ASN-SFRO). Trois cas en radiothérapie externe ont été classés de niveau 2 (événement occasionnant ou susceptible d’occasionner une altération modérée d’un organe en fonction).

Depuis 2007, l’ASN réalise des inspections annuelles dans les 180 centres de radiothérapie. Chistophe Niel constate « une amélioration sur le plan organisationnel et en matière de qualité et sécurité des soins ». Cette tendance va de pair avec l’accroissement des effectifs de radiophysiciens qui sont passés de 300 en 2005 à 550 en 2011. Néanmoins, certains centres rencontrent encore des tensions, ajoute-t-il. Pour la médecine nucléaire et la radiologie interventionnelle, 71 événements concernant des patients ont été enregistrés en 2011 (contre 33 en 2010). Des événements le plus souvent liés à une erreur d’administration du radiopharmaceutique ou à une erreur d’identification du patient.

 

188 073 professionnels suivis

 

S’agissant de la dosimétrie des personnels médicaux travaillant dans le domaine des utilisations médicales des rayonnements ionisants, sur les 188 073 professionnels suivis (57 % du total des travailleurs exposés), « plus de 98 % ont reçu une dose efficace annuelle inférieure à 1mSv », indique l’ASN. L’autorité évoque « 4 dépassements de la limite annuelle de dose efficace de 20 mSv et 4 dépassements de la limite annuelle de dose aux extrémités (500 mSv) », tous recensés dans le secteur de la radiologie interventionnelle.

Dans son rapport, l’ASN juge urgent de « prendre des mesures pour améliorer la radioprotection des patients et des travailleurs en radiologie interventionnelle », notamment pour les actes interventionnels radioguidés réalisés dans les blocs opératoires. Pour l’autorité, il est nécessaire qu’une initiative soit prise « en direction des responsables des établissements de soins, publics et privés, et notamment des directeurs de CHU et CHR ». En médecine nucléaire, « les analyses des postes de travail et les évaluations des risques ne sont généralement pas réalisées ou sont incomplètes », relève l’ASN. Enfin, si environ 80 % des services de médecine nucléaire ont élaboré un plan de gestion des déchets et des effluents contaminés, seulement la moitié de ces plans s’avère conforme à la réglementation en vigueur.