* Source : APM

 

PARIS, 12 octobre 2006 (APM) - Xavier Bertrand a confié une mission à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour faire toute la lumière sur l'accident de radiothérapie survenu au Centre hospitalier d'Epinal (Vosges), indique le ministère jeudi soir dans un communiqué.

Une erreur de manipulation en radiothérapie a touché 23 patients traités pour un cancer de la prostate dont un serait décédé des complications d'un surdosage (une dose supérieure d'environ 20% à celle initialement prévue), a-t-on appris jeudi auprès de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Lorraine (cf dépêche APM SNJJB006).

A ce jour, sur ces 23 patients qui avaient été traités entre mai 2004 et mai 2005, l'un d'entre eux "serait décédé de manière directement liée à la surexposition", le 25 juin dernier, et trois autres patients sont décédés "sans qu'un lien direct ait été établi avec cet accident", indique le ministère dans son communiqué.

Treize autres patients, ont connu des complications de type rectite (inflammation du rectum) et six n'auraient manifesté aucun symptôme, rappelle-t-il.

Les premiers cas de complications sont apparus à partir de l'été 2005, le délai biologique d'apparition des premiers signes dans ces cas de surexposition étant généralement longs, de l'ordre d'une année, explique-t-il.

La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) a été informée le 4 juillet dernier et a saisi immédiatement l'ASN. Une inspection pilotée par l'ASN a été conduite sur place le 19 juillet dernier, en association avec l'ARH de Lorraine, la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) des Vosges et avec l'appui de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), relate le communiqué.

Cette inspection a conclu en septembre que "ces surexpositions résultent d'une erreur de saisie informatique dans le logiciel de dosimétrie utilisé lors de la préparation des traitements", que "la formation du personnel à l'utilisation de ce logiciel était insuffisante et le logiciel était peu ergonomique" et que "l'information des victimes était incomplète".

Le ministère de la santé a souhaité que tous les patients soient reçus, à ce jour, par un médecin du service de radiothérapie et par la directrice du CH pour être informés de l'incident, de ses conséquences et de leurs droits à recours et réparation.

Xavier Bertrand a mandaté l'IRSN, spécialiste français de la recherche dans ce domaine médical spécifique, pour conduire sans délai une mission de radiopathologie sur place afin d'assurer aux patients la meilleure prise en charge médicale possible.

"Compte tenu des dysfonctionnements manifestes", le ministre a missionné l'Igas et l'ASN "pour faire toute la lumière sur cette affaire, établir précisément les responsabilités et tirer toutes les conclusions utiles, au niveau local comme au niveau national concernant les conditions de sécurité de la radiothérapie dans ses aspects techniques, organisationnels, humains et de contrôle administratif".

Les conclusions définitives de la mission seront rendues d'ici la fin 2006, précise le communiqué.

Lors d'une conférence de presse donnée début octobre 2006, l'ASN avait annoncé qu'elle enquêtait sur trois accidents graves de radiothérapie sans indiquer où ils avaient eu lieu, rappelle-t-on (cf dépêche APM VBJJ3001). Si celui d'Epinal fait partie de ceux-là, les endroits où se sont produits les deux autres accidents ne sont pas encore communiqués, note-t-on.

DES ACTIONS MISES EN OEUVRE

Le ministère rappelle que la Dhos, en relation avec l'Institut national du cancer (Inca), s'est attachée à renforcer le dispositif de prise en charge des patients en radiothérapie. Ainsi, le Plan cancer et le Plan hôpital 2007 prévoient l'installation de 41 nouveaux appareils de radiothérapie, ce qui est réalisé à 68% à ce jour. Au total, 386 appareils de radiothérapie sont installés en France (donnée de mai 2006) contre 358 en 2002.

Le Plan cancer prévoyait un renforcement particulier en moyens humains pour cette discipline. En 2004 et 2005, 185 postes ont été créés, dont 71 postes de manipulateurs radio, 20 de radiophysiciens et 21 de radiothérapeutes et 29 personnels divers, ainsi que l'accueil de 44 stagiaires radiophysiciens.

Par ailleurs, l'ASN a lancé des actions pour une meilleure prise en compte de la radioprotection des patients, notamment à la suite des accidents de radiothérapie au CHU de Grenoble et au Centre hospitalier de Lyon-Sud en 2005 et 2006, rappelle également le ministère.

"Ces actions visent en priorité les défaillances organisationnelles et humaines qui se sont révélées être à l'origine de la plupart des accidents de radiothérapie survenus en France et dans le monde ces dernières années", indique le communiqué.

L'ASN va ainsi renforcer les contrôles des services de radiothérapie, diffuser avant fin 2006 aux professionnels un guide précisant les modalités de déclaration des incidents ainsi que les modalités d'enregistrement de tous les événements, même sans conséquence, afin de transmettre les enseignements à l'ensemble de la profession.

L'ASN a également mis en place un groupe de travail le 20 septembre dernier associant les administrations sanitaires et les professionnels de santé, avec l'appui de l'IRSN, pour élaborer des recommandations concernant notamment la prévention des accidents de radiothérapie et le retour d'expérience, ainsi que la prise en charge thérapeutique des patients en cas d'accident radiologique.

Pour qu'il soit efficace, le traitement du cancer nécessite l'utilisation de techniques puissantes (radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie) non dénuées de risques. En ce qui concerne plus particulièrement la radiothérapie, son efficacité dépend du juste dosage des rayonnements délivrés, une dose insuffisante ne permettant pas la guérison, une dose excessive pouvant avoir des effets secondaires sur les tissus environnants, rappelle le communiqué.

L'ASN souligne à cette occasion que des progrès sont encore nécessaires pour améliorer la radioprotection des patients dans le cadre de traitements médicaux utilisant les rayonnements ionisants (radiothérapie externe ou interne, radiologie interventionnelle,.).

"Ils sont de la responsabilité du chef de l'établissement pour les moyens à mettre en oeuvre et du médecin en charge de l'acte médical", indique le communiqué.

sl/san/APM polsan

redaction@apmnews.com

SLJJC004 12/10/2006 18:21 ACTU CANCER