Source : APM

 

EPINAL, 8 octobre 2007 (APM) - Les deux juges parisiens chargés d'instruire l'affaire des surirradiations à l'hôpital d'Epinal se déplaceront dans les Vosges mercredi 17 octobre, pour rencontrer les patients ayant porté plainte, a-t-on appris lundi auprès de l'Association vosgienne des surirradiés de l'hôpital d'Epinal (AVSHE88).

 

Désignés au début de l'été 2007 (cf dépêche APM SNKGC001), les deux juges du pôle santé publique du Tribunal de grande instance (TGI) de Paris, Anne-Marie Bellot et Pascal Gand, se rendront à Epinal le 17 octobre "pour présenter la procédure judiciaire aux personnes qui se sont portées partie civile", indique à l'APM le président de l'association, Philippe Stabler, en précisant que cette rencontre se déroulera au Palais de justice.

 

Il s'agira du premier déplacement des juges parisiens à Epinal, a précisé à l'APM Me Gérard Welzer, avocat de plusieurs plaignants. "Il leur permettra surtout d'expliquer leur travail", estime-t-il.

 

Au TGI de Paris, on indique à l'APM que le nombre de plaintes enregistrées s'élève à une cinquantaine.

 

Par ailleurs, selon Philippe Stabler, la commission de suivi, dont la création avait été annoncée le 13 septembre par le directeur de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Lorraine, se réunira pour la première fois le 23 octobre.

 

Destiné à assurer un lien permanent avec les patients, ce comité réunira, sous l'autorité du directeur de l'ARH, les représentants de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) des Vosges, du centre hospitalier d'Epinal, du centre de lutte contre le cancer Alexis Vautrin à Nancy, du conseil départemental de l'Ordre des médecins, de l'AVSHE88 et du comité vosgien de la Ligue contre le cancer, a confirmé lundi à l'APM la porte-parole de l'ARH.

 

Cette réunion sera l'occasion de faire un bilan du numéro vert ouvert à la suite de la découverte de la troisième cohorte de patients surirradiés, de dresser un état des lieux de la prise en charge des patients et d'établir un point sur les procédures d'indemnisation, ajoute-t-on de même source.

 

Interrogé sur les suites données aux déclarations de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot (cf dépêche APM CBKID003), sur l'indemnisation des victimes des surirradiations à Epinal, le président de l'AVSHE88 indique à l'APM que la Sham, assureur de l'hôpital d'Epinal, fait toujours preuve d'une "discrétion exemplaire", en tous les cas à son égard.

 

PROGRESSION CONSTANTE DU NOMBRE D'ADHERENTS

 

Créée en août 2007, l'AVSHE88 a tenu sa première assemblée générale samedi matin à Epinal en présence de plus de 140 personnes, explique Philippe Stabler.

 

L'association compte aujourd'hui environ 130 adhérents, habitant tous dans les Vosges sauf deux personnes qui vivent respectivement en Alsace et dans la Haute-Saône, mais ce nombre progresse sans cesse, souligne-t-il.

 

"L'assemblée générale [qui n'a pas été ouverte à la presse, ndlr] a été très riche en émotion. Les gens se sont exprimés de manière très poignante", relate-t-il.

 

"Elle a un peu servi de thérapie de groupe. Les participants ont vu qu'ils n'étaient pas seuls. La réunion leur a redonné de la force".

 

Il indique qu'un sentiment "très partagé" existe parmi les victimes sur leur suivi médical. "Certains sont satisfaits de l'accueil qui leur a été réservé lorsqu'ils ont appelé au numéro vert et ont eu un rendez-vous rapidement, alors que d'autres se montrent plus mécontents et n'ont eu des rendez-vous que pour décembre", explique-t-il.

 

"Mais globalement, nous n'avons pas de griefs particuliers contre le monde hospitalier sur ce suivi. Comment peut-il faire vu le nombre de personnes désormais concernées?", s'interroge-t-il en rappelant que le nombre total de patients fortement surirradiés s'élève à plus de 700.

 

Ingénieur informaticien toujours en activité, Philippe Stabler fait lui-même partie de la cohorte des patients ayant subi un surdosage de 8%, qui constitue la deuxième cohorte découverte.

 

Forte du succès de sa première assemblée générale et des mouvements de sympathie que montrent la population et le comité vosgien de la Ligue contre le cancer à l'égard des victimes, son association compte rester vigilante sur les suites de cette affaire et n'entend pas "se murer dans le silence".

 

"Si l'hôpital m'avait contacté pour me dire qu'un accident s'était produit, que des conséquences médicales étaient possibles et s'il m'avait proposé une prise en charge médicale, jamais je n'aurais porté plainte", regrette Philippe Stabler qui appelle cette affaire le "Tchernobyl vosgien".

 

ORDRE DES MEDECINS: AUDIENCE REPORTEE AU 7 DECEMBRE

 

Par ailleurs, la chambre disciplinaire de première instance du conseil régional de l'ordre des médecins s'est réunie vendredi dernier pour étudier la plainte du ministère de la santé à l'encontre des deux radiothérapeutes de l'hôpital d'Epinal, Michel Auburtel et Jean-François Sztermer, a rapporté samedi l'Est républicain.

 

Après un rappel des faits et des conclusions de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), l'audience a été reportée au 7 décembre à 9 heures à la demande des avocats des médecins, en raison notamment de l'absence de l'un des deux radiothérapeutes qui est hospitalisé.