Source : APM

 

PARIS, 21 décembre 2007 (APM) - Des moyens supplémentaires sont indispensables pour la mise en place rapide d'une culture de sûreté en radiothérapie, recommande un rapport parlementaire.

 

L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a réalisé une audition publique mi-novembre sur le thème "radiothérapie: efficacité du traitement et maîtrise des risques". Le député Claude Birraux (Haute-Savoie, UMP) qui organisait cette audition vient de rendre son rapport.

 

Il constate que la radiothérapie est un traitement incontournable du cancer puisque 60 à 70% des patients en bénéficient (près de 200.000 patients chaque année en France) et estime que le parc des équipements a réalisé "une modernisation complète menée grâce au Plan cancer".

 

Le député relève la démographie "inquiétante" des professionnels de la radiothérapie avec une inflexion très sensible des effectifs à compter de 2005-2010.

 

La radiothérapie connaît une "pleine mutation technologique", notamment en raison des progrès de l'imagerie et de l'informatique, toujours dans l'objectif d'une plus grande précision pour augmenter l'efficacité des rayons tout en limitant la toxicité du traitement. Le député cite le Pr Claude Huriet, président de l'Institut Curie qui parle du "Graal du radiothérapeute" défini par "irradier la tumeur, toute la tumeur, rien que la tumeur".

 

Au chapitre des innovations, le rapport mentionne les 15 centres pilotes pour la tomothérapie et le Cyberknife*, ainsi que le projet Etoile qui prévoit la construction pour 2013 du premier centre français d'hadronthérapie à Lyon.

 

Pour Claude Birraux, il existe une "réelle prise de conscience par les autorités publiques et les professionnels de santé" sur la maîtrise des risques avec le nouveau rôle crucial de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui a mis en place "des mesures importantes".

 

Mais "des lacunes persistent", poursuit le député de Haute-Savoie. Le système de veille et d'alerte est complexe, tant du point de vue réglementaire qu'institutionnel, constate-t-il, remarquant que "les intervenants de terrain ne savent pas ce qu'ils doivent déclarer, ni à qui".

 

Le paysage administratif est peu lisible avec cinq agences ou administrations compétentes en matière de radioprotection (ASN, InVS, Afssaps, IRSN et DGS devant faire un travail de coordination important au quotidien), note-t-il.

 

Le député déplore "l'insuffisance notoire de données cliniques et épidémiologiques sur les suites des radiothérapies", provenant d'une insuffisance de suivi des patients qui a participé à la non détection des dysfonctionnements survenus à l'hôpital d'Epinal (Vosges). Il mentionne aussi un contrôle insatisfaisant des équipements avant leur mise en service.

 

Pour lui, les professionnels sont de plus en plus conscients des risques de complications et d'accidents, les drames d'Epinal et de Toulouse ayant servi "d'électrochocs". Même si la démarche d'assurance qualité existait déjà avant, ces graves accidents ont "suscité une prise de conscience de la vulnérabilité des pratiques de radiothérapie au regard du principe de sûreté".

 

Mais l'implication des services dans une démarche de maîtrise des risques via l'optimisation des procédures et la traçabilité des pratiques "ne sera pas réalisable à moyens constants".

 

"Les effectifs doivent être rapidement renforcés et de manière très significative, notamment pour les physiciens médicaux", poursuit le député. Il faudra des moyens supplémentaires pour mettre en place rapidement une culture de sûreté, conclut-il.