Source : APM

 

PARIS, NANCY, 29 janvier 2008 (APM) - Neuf nouveaux cas de surirradiations touchant des femmes traitées pour un cancer du sein dans le service de radiothérapie du centre hospitalier d'Epinal (Vosges) ont été découverts, ont annoncé mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Lorraine.

 

Ces nouvelles surexpositions se sont produites au cours de deux épisodes différents.

 

L'ASN indique, dans une note d'information, qu'elle a appris le 16 janvier un cas concernant une patiente traitée en 1998 pour un cancer du sein, puis en 2003 pour une métastase osseuse dorsale.

 

"La superposition des champs d'irradiation lors des deux traitements aurait conduit à une surexposition de la zone traitée", explique l'ASN.

 

Huit autres patientes traitées en 1993, également pour un cancer du sein, auraient été surexposées à la suite cette fois d'une erreur de paramétrage des faisceaux consécutivement à l'installation du nouvel accélérateur.

 

Ces nouveaux cas de surirradiations ont été constatés dans le cadre du dispositif de surveillance médicale des anciens patients du service de radiothérapie mis en place depuis mars 2007, souligne l'ASN.

 

"Leur découverte est le résultat d'un travail rétrospectif réalisé sur les dossiers des patients par le Dr Jean-Marc Simon [de l'hôpital Pitié-Salpêtrière qui se rend à Epinal très régulièrement, ndrl]", explique à l'APM le directeur de l'ARH, Jean-Yves Grall, joint par téléphone.

 

Les taux de surexposition sont compris entre +20 et +68%, précise à l'APM Jean-Luc Godet, directeur des rayonnements ionisants et de la santé à l'ASN. "Le suivi médical des patientes concernées n'est pas achevé. Mais "pour l'instant, aucune complication n'a été constatée", ajoute-t-il.

 

L'ASN indique dans sa note d'information que ce nouveau groupe de patientes s'ajoute aux trois autres cohortes déjà connues de patients surexposés à l'hôpital d'Epinal.

 

La première regroupe 24 patients traités pour un cancer de la prostate entre mai 2004 et août 2005, surexposés d'environ 20 % à la suite d'une mauvaise utilisation du logiciel de planification du traitement. La deuxième compte 400 patients traités pour un cancer de la prostate entre 2001 et 2006, surexposés d'environ 8 % par une utilisation excessive de l'imagerie contrôlant leur positionnement pendant le traitement. Et la troisième est constituée de 4.500 patients traités pour divers cancers entre septembre 1987 et juillet 2000, concernés par une erreur de programmation d'un logiciel interne, susceptibles d'avoir été surexposés, dont 312 patients ont reçu une surexposition maximale de l'ordre de 7%.

 

L'ASN précise que le suivi médical par les équipes médicales du centre hospitalier d'Epinal de l'ensemble de ces patients est "en cours" et que dès réception du bilan, elle procèdera au classement sur l'échelle ASN/SFRO de ces événements.

 

Seul le premier événement qui concerne les 24 patients surexposés d'environ 20% a été classé sur cette échelle, au niveau 6, rappelle Jean-Luc Godet.

 

L'ASN souligne aussi qu'à chaque nouvel événement déclaré elle procèdera à l'identification de ses causes.

 

Le système de suivi des anciens patients se révélant "efficace", "il faut peut-être s'attendre à ce que d'autres cas de surexposition soient trouvés", note le directeur de l'ARH. Un point de vue que confirme le responsable de l'ASN interrogé.

 

LA REOUVERTURE DIFFEREE DE DEUX-TROIS SEMAINES

 

S'agissant de la réouverture du service qui était initialement prévue pour le 28 janvier dernier en présence de Roselyne Bachelot, le directeur de l'ARH indique qu'elle a été différée de "deux ou trois semaines" pour une petite raison technique.

 

"Nous voulons être sûrs que le service fonctionne en sécurité maximale", affirme Jean-Yves Grall.

 

"La demande d'autorisation est en cours d'instruction", précise de son côté Jean-Luc Godet de l'ASN. "A priori, on se dirige vers une nouvelle autorisation", ajoute-t-il, se montrant optimiste.

 

Lorsque sa reprise sera autorisée, le service de radiothérapie fonctionnera sous l'égide et la responsabilité médicale de l'équipe de radiothérapie du centre anti-cancéreux Alexis Vautrin à Nancy, déclare Jean-Yves Grall.

 

Ce mode de fonctionnement garantira ainsi "l'homogénéisation des pratiques et des procédures", ajoute-t-il.

 

Concernant le versement d'une provision d'urgence, le directeur de l'ARH annonce qu'environ 250 personnes ont reçu l'avance de 10.000 euros annoncée en décembre 2007 par Roselyne Bachelot, soit la moitié des personnes concernées.

 

Ce versement va se poursuivre puisque 90% des personnes intéressées et répondant aux critères fixés pour le versement de cette somme ont vu le docteur Simon et ont eu le certificat médical demandé.

 

Le directeur de l'agence précise par ailleurs que le Dr Simon terminera sa mission à Epinal fin mars. "Un certain nombre" de radiothérapeutes du grand Est de la France se sont manifestés pour poursuivre le suivi médical des anciens patients de l'hôpital, se félicite Jean-Yves Grall.