* Source : APM

 

PARIS, NANCY, 7 septembre 2007 (APM) - Plus de 4.000 patients supplémentaires traités pour un cancer au centre hospitalier d'Epinal (Vosges) sont susceptibles d'avoir été surexposés lors de séances de radiothérapie conventionnelle dont 300 à des doses jugées trop importantes, a-t-on appris de sources concordantes.

 

Cette cohorte comprend "entre 4.000 et 4.500 patients" traités entre 1989 et 2000 au CH d'Epinal, indique-t-on au ministère de la santé.

 

Pour une majorité d'entre eux, la surexposition est comprise entre 2% et 5% et est donc considérée comme non significative au regard de l'écart admis par rapport à la dose prescrite, au titre des bonnes pratiques de radiothérapie.

 

En revanche, pour 300 patients traités entre 1999 et 2000, la surexposition est plus importante puisqu'elle atteint 7,1%.

 

Contrairement aux deux premières cohortes qui comprennent des patients traités uniquement pour un cancer de la prostate par radiothérapie conformationnelle (technique introduite en 2001 au CH d'Epinal), les patients du nouveau groupe souffraient parfois d'autres cancers.

 

Dans le groupe des 300 patients surexposés à des doses importantes, 40 souffraient d'un cancer de la prostate.

 

La nouvelle cohorte a été découverte après qu'un ancien patient de l'hôpital irradié pour un cancer de la prostate et souffrant actuellement d'une rectite se soit signalé fin juillet via le numéro vert mis en place en mars 2007.

 

"Son cas a attiré l'attention du Dr Jean-Marc Simon [radiothérapeute à l'hôpital Pitié-Salpêtrière qui vient régulièrement au CH d'Epinal, ndrl]. Il s'est aperçu que ce patient ne figurait pas dans la population cible. En expertisant ce problème, les radiothérapeutes sont remontés jusqu'en 1989, date à laquelle il y avait eu des modifications du logiciel qui ont conduit aux variations de doses administrées", explique-t-on de source proche du dossier.

 

La découverte de cette nouvelle cohorte va conduire la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, à demander à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), à la Société française de radiothérapie oncologique (SFRO) et à l'Institut national de veille sanitaire (InVs) d'évaluer les complications et les séquelles possibles de ces surexpositions.

 

La ministre a également décidé que les 300 patients plus fortement surirradiés seront invités à une consultation, soit par des spécialistes de l'hôpital, soit par leur médecin traitant pour voir s'ils ont des complications.

 

Le ministère devrait aussi mettre en place un nouveau numéro vert pour répondre à toutes les personnes qui s'interrogent. Le numéro est 0 800 636 636.

 

Selon une source compétente, ces nouveaux cas de surexposition impliqueraient l'ancien radiophysicien de l'hôpital d'Epinal, licencié de la fonction publique hospitalière après avoir été suspendu en mars 2007 à la suite du premier accident de radiothérapie découvert.

 

Les deux radiothérapeutes de l'établissement, également suspendus de leurs fonctions en mars 2007 par l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand, ne seraient pas en cause dans ces nouveaux cas.

 

LA REOUVERTURE DU SERVICE REPOUSSEE A DEBUT 2008

 

Par ailleurs, la réouverture du service de radiothérapie de l'hôpital qui avait été envisagée pour octobre, ne devrait pas avoir lieu avant début 2008, a-t-on appris source locale.

 

Ce changement est tout à fait indépendant de la découverte des nouveaux cas de surexposition, indique-t-on de même source. Il est lié à toutes les procédures en cours avec le centre de lutte contre le cancer Alexis Vautrin à Nancy pour remettre en route le service, qu'il s'agisse de la procédure de recrutement de radiothérapeutes et d'un radiophysicien, des matériels, du système d'information ou des protocoles.

 

L'activité d'irradiation du service avait été suspendue fin février 2007 par l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH). Cette suspension avait été confirmée par l'ancien ministre de la santé en mars au regard des conclusions de la mission de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

 

Suite à une erreur de manipulation d'un logiciel de dosimétrie entre mai 2004 et août 2005, 24 patients traités pour un cancer de la prostate à l'hôpital d'Epinal ont subi des surexpositions de 20% environ lors de séances de radiothérapie conformationnelle, rappelle-t-on. Cinq sont décédés depuis.

 

Par ailleurs, 409 autres patients aussi atteints d'un cancer de la prostate ont été surirradiés entre 2001 et 2006, de l'ordre de 8%, en raison cette fois de mauvaises pratiques (cf dépêches APM SNKCN005 et APM SNKGC001).